• Les télépathes

    — 2019
    Dimensions variables, résine répoxy, pin, plâtre, peinture, pigments
  • Après la pluie

    — 2019
    46,5  × 88,5 × 7 cm, acier, fibre de verre, résine répoxy, enduit de finition, pigments, peinture, crayons de couleurs

  • Les modératrices

    — 2019
    Dimensions variables, acier, fibre de verre, résine répoxy, pigments, peinture
  • La parieuse, Après la pluie

    — 2019
    Révélations Emerige 2019— L’effet falaise, commissariat Gaël Charbau, Voltaire, © Rebecca Fanuele
  • La parieuse

    — 2019
    100 × 151 × 12 cm, acier, résine, carton, pigments, peinture, crayons de couleurs
  • Les Lacs (Le grand vert, Le rail, La jaune )

    — 2018
    Dimensions variables, CP, résine répoxy, fibre de verre, peinture, pigments, plâtre, acier, aimants
  • Les Lacs (La jaune)

    — 2018
    25  × 6 × 45 cm, CP, résine répoxy, peinture, pigments, plâtre
  • Les Lacs (Le rail)

    — 2018
    acier, aimant
  • Les Lacs (La rouge)

    — 2018
    69 × 25 × 98 cm, acier, carton, résine répoxy, peinture, crayons de couleurs
  • Les Lacs (La petite bleue)

    — 2018
    16  × 3,5 × 18 cm CP, résine répoxy, peinture, pigments, scotch
  • Le prêteur, son ombre

    — 2017
    dimensions variables, acier, aimant, étain, fibre de verre, résine répoxy, pigments, crayons de couleurs, gouache
  • Le prêteur, son ombre

    — 2017
    Détail, acier, aimant, fibre de verre, résine répoxy, pigments
  • Correspondance, after the sun

    — 2015
    60 × 45 × 82 cm , fibre de verre résinée , OSB, pigments, peinture, laiton
  • Mais le doute persiste

    — 2017
    120 × 45 × 60 cm acier, gouache, huile de lin
  • Mais le doute persiste

    — 2017
    Détail, acier, gouache, huile de lin
  • The master

    — 2016
    28 × 24 × 5.5 cm, acier, fibre de verre résinée, pigments, peinture
  • Le souffleur

    — 2016
    acier peint, miroir sans tain, iphone
  • Les télépathes

    — 2019
    Dimensions variables, acier, fibre de verre, résine répoxy, pin, plâtre, peinture, pigments, crayons de couleurs
  • Vague à l'âme

    — 2015
    48 × 45 × 19 cm fibre de verre, résine répoxy, pigments, peinture, acier, laiton


Tu les vois ?
T’entends la pluie ?
Je ne sais pas si c’est de la pluie, mais ça tombe par intermittence, c’est liquide.
C’est l’intro d’un slow ?
Tu veux danser avec moi ?
La lumière est belle, regarde, elle change.
C’est bleu je crois, parfois c’est jaune.
Tu vois ?
Tu es sûr que tu ne veux pas danser avec moi.
Je n’ai pas envie d’être comme eux.
Ils ont l’air d’être mort.
Tu crois que je suis comme eux ?
Ma dominante est rouge.
Ça me va bien ?
T’aimes la lumière ?
Tu veux bien me regarder plus ?
Je t’aime bien, je crois, je ne sais pas si c’est à cause de la musique.
C’est peut-être la pluie, ça rend triste la pluie, non ?
J’aimerais bien que tu me répondes.
Ils ont repeint les murs.
On est de la couleur des murs.
Tout est gris.
Je ne te vois plus.
Tu as remarqué ?
J’aime qu’il y ait de la musique, je suis fatiguée de regarder.
Il n’y a plus rien à regarder, tout est terne.
J’aime bien passer entre les poteaux, ce sont des pailles géantes.
Pourquoi la musique s’est arrêtée, j’aimerais bien danser avec toi.
Je me sens seule, tu crois que je suis comme eux ?
J’aimerais bien que ça recommence.
Je suis fatiguée de te regarder.
Je me sens seule.
Toutes les structures sont en acier, les soudures sont apparentes.
Pourquoi ils mettent tous ces objets sur ces structures.
Ce sont des pièces ?
Tu crois qu’elles sont mortes ?
J’aimais bien la musique, on avait la sensation que ça devenait vivant.
Tu crois qu’on peut leur demander de remettre la musique ?
Tu entends la musique ?
Ce n’est pas de la pluie, ce sont des gouttes.
Je reconnais, ils nous ont laissé derrière la fenêtre.
Elle sont grandes les baies.
Ils ont oublié qu’on existe.
Tu ne veux pas t’approcher ?
J’aimerais bien que tu sois plus prés de moi.
Je ne comprends pas pourquoi ils nous ont laissé là.
Il y a le refrain.
T’es sûr de ne pas vouloir danser avec moi ?
J’aimerais bien que ça recommence.
Je suis fatiguée de te regarder.


«La dominante est rouge» — 2018, Publication : Partout, mais pas pour très longtemps, catalogue d'exposition Margot Pietri


  • L'à peu près — 2017
    80 × 62 cm acier, peinture, fibre de verre, résine époxy, crayons de couleurs, gouache
  • Dear Z

    — 2015
    Détail, acier, peinture, ipad, sans tain
  • À petits singes, Z doesn’t know

    — 2015
    30.8 × 38 cm, acier, fibre de verre rsinée, pigments, peinture
  • La boussole

    — 2016
    45 × 43cm × 29 cm acier, petite cuillère, aimant
  • Le petit verre

    — 2017
    38 × 110 × 44 cm acier, fibre de verre, résine époxy, pin, peinture, pigments

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Il faisait une chaleur infernale, le sable brûlait la semelle des chaussures de cuir trop chaud pour la période. Sa main était moite et transpirante à cause des gantes qu’elle portait pour que les UV des machines de métal n’attaquent pas sa peau. Koalus regarda la calendrière, une forme parfaitement ronde à l’intérieur de laquelle des aiguilles tournent sans rythme prédéfini. Koa trouvait l’objet rassurant, un de ses préfs. Les rayons lumineux commencèrent à s’épuiser et la Lune reprenait doucement son éclairage comme toutes les nuitées. Le rdv était dans peu de temps et Koa n’arrivait pas à nommer ce qu’elle ressentait. Il lui était trop difficile de percevoir l’exactitude d’une émotion ou d’un sentiment, cela demandait un long apprentissage. Elle se disait que la peur et l’excitation pouvaient peut-être ressembler à ça.

Devant l’établi d’acier, bête, ses yeux s’étaient fixés sur la sculpture bienveillante, une sorte de Sphinx avec un minuscule trou au milieu de la face. Koa la regardait souvent avec persistance, ça l’apaisait. Koa reprit ses esprits, appuya fort sur la télépathe. La télépathe avait un fond d’écran type «sand» et derrière, le ciel. Le text s’afficha encore une fois. Elle avait rougi à la réception du text.


Elle passa la porte. Les murs avaient été faits sur les logiciels 3D et délimitaient les espaces de chaque atelier. L’exportation n’était pas toujours de bonne qualité et les rendus étaient trop souvent imprécis. Les déformations étaient dues aux variations de chaleurs provoquées par la défaillance des soleils artificiels. La porte elle, comme toutes les ouvertures, était dessinée en contour de noir.

Koa passa la porte. Elle chopa les deux autres filles du couloir am2 et ax2 et se mit à leur parler vite et beaucoup. Elle n’écoutait pas vraiment ce que am2 et ax2 pouvaient lui répondre, elle cherchait juste à gagner du temps, hésitait à annuler. ax2 lui proposa de marcher un peu vers le centre de la Parisia pour qu’elle puisse se détendre. Tous ses habits étaient embaumés d’effluve de résines et de soudure et Koa avait transpiré beaucoup d’eau. Elle se déshabilla et enfila son col roulé noir et sa veste de roi.



  • Les modératrices

    — 2019
    Dimensions variables, acier, fibre de verre, résine époxy, pigments, peinture

  • Les modératrices

    — 2019
    Détail, acier, résine époxy, pigments, peinture


Elle abandonna son Vlo en bas de l’escalier du couloir pigmenté rose. Un escalier d’origine en bois massif d’un marron tellement foncé qu’il avait dû être verni plusieurs fois. La route était linéaire et formait une sorte de courbe verticale. Sur le chemin Koa n’écoutait pas vraiment les histoires d’ax2. Elle était focus sur sa rencontre avec Pakus. Elles s’étaient parlées sur les modératrices de vie. C’était maintenant les seuls modes de rencontre love/sex. Il y avait quand même les Firenights dans lesquelles la People exhibait ses danses et transes les plus folles au rythme des soleils artificiels colorés. Koa aimait y passer du temps et admirer les mélanges de langues, de baves et de sex entre des la People. Une fois la nuitée retombée les la People découvrait leur vrai visage avec dégoût et extase. Le temps s’y étalait et s’étirait au fur et à mesure que la People aspirait les happywaters du bout des pailles de bambou.



  • La parieuse

    — 2019
    Détail, acier, fibre de verre, résine répoxy, pigments, peinture, crayons de couleurs

  • La parieuse

    — 2019
    Détail, acier, fibre de verre, résine répoxy, pigments, peinture, crayons de couleurs


Koa ne regardait pas le chemin, elle le connaissait par coeur, les rayons se mettaient à faiblir fortement et la nuitée reprenait son court. Koa aimait ce moment qu’elle appelait laparfaite. L’air devenait doux et s’allégeait. Les chaleurs dégagées par les soleils artificiels étaient extrêmement suffocantes suivant les périodes. La People qui y travaillait avait des durées de vies plus limitées, mais gagnait en points. Des la people continuaient de penser qu’il était important de maintenir cet équilibre en donnant quelques heures de nuitées au Soleil. Koa y voyait une offrande de la Lune au souvenir du Soleil. Une partie de la people était persuadée qu’une nuitée le Soleil réapparaitrait, qu’il était juste caché derrière la Lune et que l’éclipse finirait par disparaître. La majorité de la People avait accepté sa disparition, et n’attendait plus son retour, la plupart d’ailleurs n’avaient jamais connu le Soleil ou du moins n’en avaient pas le souvenir. Seuls les récits de livres davant racontaient comment la People vivait avec le Soleil.

Après la disparition du Soleil, toutes les croyances s’éteignirent avec l’espoir qu’il revienne. Les lieux de culte plongés dans le noir des nuitées persistantes devinrent des lieux de fêtes incroyables. Il n’avait jamais été mentionné dans les histoires des fêtes aussi mémorables. C’était les débuts de la Dcadansia. Koa a le souvenir d’y avoir participé, mais ne sait pas trop si c’est parce qu’elle a beaucoup trainé aux archives ou si elle y avait vraiment été. En tout cas elle s’amusait à raconter ses souvenirs vaporeux. Au présent, le temps était quelque chose de constant, il n’y avait pas trop de différences d’une nuitée à l’autre, Koa les nommait les douceurs du cycle.


Les phares des

Ibrids

éclairaient la Parisia. C’était beau, Koa aimait admirer les balais lumineux, elle nommait ça

labellevie,,,


Elle se sentait bien dans les lumières fluos artificielles, ça ravivait des émotions qu’elle avait ressenti aux Amériques quelques cycles plus tôt.


La marche devenait rapide. Elle voulait arriver vite au bar pour déferler ses angoisses à s2lo. Elle adorait parler pour passer ses angoisses.


La ville était coupée en deux par les anciennes berges. ax2 y laissa Koa. Koa jeta un oeil à l’eau comme à chaque fois. Ce n’était pas la mer comme elle l’avait rêvée. Toute l’eau s’était évaporée depuis longtemps mais les principes de conservation des mémoires des cities avaient été mis en place lors de la Dcadansia pour continuer à essayer de vivre comme davant. Après la sécheresse des froids glacials dû à l’absence du Soleil, la People avait décidé d’aller chercher les eaux des mers et de remplir les berges. Les eaux ont alors été mélangées à de l’acétate de sodium pour qu’elles ne s’évaporent plus. En les regardant, Koa les imaginait se jeter loin, loin dans les mers. Elle n’avait jamais vu la mer, elle ne savait pas si elles existaient encore, elle savait juste qu’il fallait aller très loin. Les mers les plus proches étaient artificielles. Des constructions purement humaines où l’horizon n’avait pas de point de fuite.


Koa ouvrit la porte du bar et se dirigea droit vers la machine de métal à couper les aliments. Elle était toute rouge et avait très chaud. Elle se mit à parler très vite. s2lo dans les vapeurs de vins rigolait beaucoup. Elle tentait quelques paroles rassurantes. Koa aimait la compagnie de s2lo. Il y avait quelque chose de fluo, une lumière chez s2lo qui apaisait beaucoup Koa. Koa savait qu’il n’ y avait rien à faire. C’était dans sa tête c’est tout, il fallait changer le mode. Elle l’avait décidé quelques nuitées plus tôt que maintenant les choses iraient bien, mais ça lui arrivait encore de se laisser déborder par les émotions qu’elle n’identifiait pas pour pouvoir les canaliser.


Elle balaya la vitre intérieure avec sa veste pour enlever la buée et regarda la street. Les moods étaient plutôt lumineuses et volaient bas, elles se promenaient dans l’air avec légèreté. Un très court instant Koa se mit à penser à cl2. Elle ne savait pas dans quelle mesure ce rdv trahirait leur duo réglé. Elle aimait bien cl2. C’était un duo qui n’intégrait pas d’emphatia et Koa aimait ça.


Les préceptrices racontaient que cela existait encore avant le we don’t have the sun anymore. Au Présent, il était compliqué d’intégrer ce qu’elles nommaient emphatia . Cela se prononçait Mfacia mais dans certains livres d’écriture on pouvait encore lire emphatia . La théorie venait de mots davant «empathie» et «face» qui définissaient les manières et modes de comprendre ce que les autres pouvaient ressentir. Mfacia était devenu un précepte que l’on apprenait dans les écoles de vies. C’était une des premières notions qui était enseignée puisqu’elle demandait des ellipses entières de pratique. Elle couvrait tous les cursus et tous les cycles puisqu’il était difficile de l’intégrer. Les sentiments et les émotions avaient disparu au fur et à mesure de la Dcadansia . Elle avait entraîné l’ensemble des populations dans le Down et la période Dpresiona en était le résultat. Mais les la People trop conservatrices n’acceptaient pas les changements et continuaient à nommer l’état des choses la Dcadansia.

L’Mfacia s’apprenait à la proximité des sculptures et des objets davant. Après la fuite des musées et des institutions, les sculptures avaient migré vers les derniers rayons du Soleil filtrant. Seulement pour beaucoup d’entre elles, elles ne les ont jamais atteints et la dépigmentation courante les avait stoppé dans leur élan. Elles avaient enfin trouvé la liberté détachée de leur Ordonnantes qui coordonnaient leurs vies entre les stockages, les archivages, les douanes, et les placements imposés à côté de certaines de leurs comparses qu’elles n’appréciaient pas.



  • Les Lacs (Le stylo)

    — 2018
    Détail, acier, peinture


Chacune d’entre elles avait favorisé presque cultivé une émotion, une attitude ou un sentiment des humains davant. Lors de la Dcadansia certaines avaient adopté des postures animales par mimétisme. Les sculptures figées par l’ère trop glacée avaient étaient récupérées par les préceptrices lors des quêtes. Au présent elles étaient toutes une source d’enseignement, et on les appelait les sourcias. Elles ne disaient rien mais dégageaient toutes ses émotions qu’il fallait apprendre à comprendre. Koa aimait passer du temps auprès des sourcias et c’était pour cela qu’elle avait décidé elle aussi de faire des sculptures. Elle aimait leur compagnie, elle leur parlait beaucoup dans l’atelier de fabrication. Les temps qu’elle y passait étaient très long et c’est comme ça qu’elle commençait à mieux comprendre les autres, et arrivait à ressentir des choses.


Elle remit sa veste et d’un coup passa la porte.


Elle se calma, et partit vite vers le point de RDV. La nuitée était très noire. Les lumières fluos brillaient encore plus. Elle traversa la route, reconnut Pakus, se dirigea droit sur elle. Elles s’embrassèrent mécaniquement sur les joues et Koa s’adossa sur la vitrine à côté de Pakus.
salut,,,cava,,,tu veux boire une bière,,tu peux finir ta cigarette si tu veux,,,,,,(expulsion de fumée) non, c’est bon,,,


  • Le prêteur, son ombre

    — 2017
    142 × 95,5 × 10 cm acier, aimant, étain, fibre de verre, résine époxy, pigments, crayons de couleurs, gouache
  • Le prêteur, son ombre

    — 2017
    Détail, fibre de verre, résine répoxy, pigments, crayons de couleurs, gouache
Correspondance, after the sun
  • Correspondance, after the sun

    — 2015
    60 × 45 × 82 cm , fibre de verre résinée , OSB, pigments, peinture, laiton

Koa suivit Pakus sans oser la regarder. L’intérieur était très noir, avec des éclairs surtout du côté où les filles actionnent les tireuses de bières. Elles se posèrent debout accoudées au comptoir. Le visage de Pakus était en nuances de n&b. Aux passages des éclairages fluos, la peau de Pakus scintillait de couleurs vertes et reflets argentés. Koa ne faisait pas trop la différence entre les couleurs, mais elle était fascinée par les reflets et transparences.


Des la people venait saluer Pakus. Koa ne comprenait pas bien les liens que tous ces la People pouvait avoir. Elles décidèrent de prendre des semis-bières. Koa n’avait pas l’habitude de boire des petites quantités. Koa transpirait beaucoup, elle n’était pas du tout habillée pour les circonstances, mais essayait malgré tout de ne jamais finir sa bière avant Pakus. Elle regardait beaucoup son verre, n’osait pas trop regarder Pakus de peur qu’elle ne lui plaise pas. Elle aimait bien les histoires que Pakus racontait. Koa et Pakus n’avaient pas la voix qui porte ce qui entrainait des répétitions et des regards gênés.

Elles décidèrent de partir et de prendre des bières de street. Pakus acheta du raisin pour permettre la réhydratation après les bières. Elles s’assirent sur le sol, sable fin d’un gris très neutre en pente. C’était une esplanade sur laquelle la 3D du musée de l’ancien temps avait été installée. C’était l’un des bâtiments préfs de Koa, qu’elle avait beaucoup regardé aux archives. Elle aimait savoir qu’ici avait séjourné les sourcias.


Les lumières étaient intenses cette nuitée-là.
Quand elle regardait trop les lumières fluos Koa sentait la Dpresionade monter. Une tristesse inexplicable que l’on n’arrivait pas à annuler et qui devenait une constante paralysante. C’était inévitable lorsque les pertes d’énergies étaient trop fortes. Même les la People les plus robustes n’étaient pas aptes à s’en sortir.
On appelait ça la maladie du cycle. La People cherchait à tout pris des manières de contrer les Dpressionades ambiantes. Beaucoup désertaient la Parisia pour repeupler les campagnes alentours où les hamos et les littlecities développaient leurs propres soleils artificiels permettant de retrouver des vies écrites dans les fictions anciennes.


Pakus embrassa les joues de Koa, monta sur son Vlo et partit d’un coup. Koa marcha dans la Parisia. Elle reçut un text de Pakus. Elle sourit.


  • Le trophée

    — 2019
    10 × 40 × 10 cm, acier, ébène ne, production Lafayette Anticipations


Quelques nuitées plus tard elles se retrouvèrent. La nuitée avait commencé par des parties sur un vieux flipper de street. C’était un des seuls objets davant qui faisait encore son effet dans la Parisia. Koa et Pakus en avaient fait plusieurs se nourrissant de bières et de cacahuètes, et se moquant des la People qui prenaient trop au sérieux leur réussite au flipper. Surtout ce solo qui avait l’air de passer ses nuitées entières à attendre que d’autres la People veulent jouer pour leur faire des démos.


Les streets commençaient à être désertées et il restait qu’une People ivre et errante. Koa et Pakus se posèrent dans l’encadrure d’une porte pour se couper des vents. Koa n’écoutait plus PaKus et commençait à avoir froid. j’ai envie de t’embrasser,,,
Pakus la regarda et lui prit la bouche d’un coup et enfonça sa langue. Koa eut une drôle de sensation, elle s’était rappelée les-cours-machines-à-laver auxquels elles avaient joué pendant ses cycles aux écoles de vie. Elle avait bizarrement aimé ce souvenir et trouvé la situation drôle. Elles décrochèrent les Vlo et traversèrent la Parisia pour acheter d’autres bières de street. Elles s’assirent très collées sur les marches d’une colline qui surplombait la Parisia.


C’était mal accordé, type rencontre adolescente dans un lit, Pakus se mit à rire très fort.
Koa la regardait amusée.
Le réveil était difficile.
t’as faim ?,,oui,,
Pakus prit un feutre vert et agrippa fort l’avant bras de Koa. Elle retourna dans tous les sens son bras pour trouver la partie la plus plane et dessina une sorte de petit arbre un peu gros. C’est pour que tu n’ais plus faim,,,
Koa mis sa langue sur la joue de Pakus. Pakus appelait n’importe quels végétaux comestibles brocoli.


Elles sortirent boire un café pour admirer la danse du soleil artificiel s’élever dans le ciel noir. Le fond infini devenait doucement bleu puis changeait de couleur suivant les combustions. C’était beau. La chaleur commençait déjà à être trop forte mais Koa s’en fichait, elle pensait juste à revoir Pakus.


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«WDHTSA» — 2018, extrait, Margot Pietri



  • Before Present

    — 2016
    25  ×  20.7 cm fibre de verre, résine époxy, pigments, gouache, acier peint
  • Vague à l'âme

    — 2015
    Détail, fibre de verre, résine époxy, pigments, peinture, acier, laiton
  • P-S,

    — 2018
    Dimensions variables, acier, étain, fibre de verre, résine époxy, pigments, peinture
  • Fire night

    — 2016
    14.2 × 11 cm gouache sur fibre de verre résinée
  • L'arpenteur

    — 2016
    fibre de verre résinée, pigments, gouache
  • À petits singes, Zut

    — 2015
    Dimensions variables, acier, fibre de verre résinée, peinture, aluminium, contreplaqué, ipad, miroir sans tain
  • Mal luné

    — 2015
    95  × 60  × 14 cm pin, fibre de verre résinée, laiton


Un jour d’éclipse, Margot Pietri a fantasmé un monde marqué par la disparition de l’astre-repère de l’humanité depuis des millénaires, le soleil. L’artiste en tira plusieurs conclusions, dont l’extinction d’espèces et de formes de vie terrestres, l’obsolescence de croyances et méthodes de mesure axées sur le soleil (les horloges, le cycle du jour…) et la nécessité de renégocier les rythmes de travail. Ce scénario aux accents post-apocalyptiques lui a alors inspiré une série de textes et de paysages sculpturaux. Ils sont peuplés de signes et d’outils « au repos » comme des boussoles et des cadrans ayant tous complètement perdu le nord, à savoir ne montrant, ne transformant ni n’indexant en fait plus rien.


Laboratoire de résilience, cette fiction post-soleil a des allures de science-fiction mais elle permet surtout à l’artiste de cartographier et d’articuler un déboussolement contemporain généralisé face à la nécessité d’actualiser nos modes de pensées. Dans Logiques des mondes, le philosophe Alain Badiou forgeait un concept : celui de « monde atone » pour décrire un réel où « on communique à l’infini », où « il n’existe aucun point » et où tout est si ramifiés et nuancés qu’aucune instance supérieur ne permet de prendre une décision. Du bouleversement climatique à la fin des grands récits fédérateurs en passant par déconstruction opérée par la pensée critique : « l’atone » nous guette malgré tous ces GPS à porté de mains. Comment se positionner ? Où atterrir ? Par rapport à quoi ? Les repères millénaires s’effondrent lorsqu’ils ne s’effritent pas. Et après ? Margot Pietri en sauve certains du naufrage et donne précisément consistance aux états émotionnels qui découlent de ce moment où un monde se dissout et un nouveau, balbutiant, émerge. A partir des restes, fragments, ruines et signes qu’elle efface ou laisse apparaître dans ses sculptures, Margot Pietri construit un terrain fertile de la désorientation, posant les bases pour une nouvelle science expérimentale à même d’esquisser à nouveau une ou plusieurs directions communes.


Texte par Julie Ackermann — 2019


Holly
  • We don't have the sun anymore

    — 2014
    Projection vidéo, 6 mins, boucle

Exposition personnelle

2020 Galeries Nomades 2020 — Programme Institut d'Art Contemporain de Villeurbanne — Musée de la céramique, Lezoux (FR)

Expositions collectives

2020 We don't have the sun anymore — Fondation Fiminco — Galerie Jeune Creation, Romainville (FR)
2019 L’effet falaise — Bourse révélations EMERIGE 2019 — Voltaire, Paris (FR)
Comme les mots paraissent exsanguent — La générale, Paris (FR)
Cette histoire qu’on découvre en creusant la terre — L'orfévrerie, Saint-Denis (FR)
2018 L'architecture d'une fraction — galerie GAM, Paris (FR)
Partout, mais pas pour très longtemps — ELAC, Lyon (FR)
[EXTRA]TERRESTRE(S) — Cabane Georgina, Marseille (FR)
Sur la page, abandonnés 2 — Au Lieu, Paris (FR)
What about 2222? — Le FDP, Paris (FR)
2017 Tenaces promesses, dérisions magnifique — La station, Paris (FR)
Jeune création — galerie Thaddaeus Ropac, Pantin (FR)
Etape de résidence #2 — Mains d’Œuvres, Saint-Ouen (FR)
L'à-peu-près — atelier Faltot, Montreuil (FR)
2016 Vente de Noël — Mains d’Œuvres, Saint-Ouen (FR)
Narrative Background — espace d'art GLASSBOX, Paris (FR)
2015 Burn out — L'amour, Bagnolet (FR)
Faust résurrection — espace d'art GLASSBOX, Paris (FR)
Aperçu avant impression — Friche la belle de Mai, Marseille (FR)
Even-cinema Festival — Castelfranc (FR)
2014 The night of the tumblr on fire — Palais de Tokyo, Paris (FR)
Ne travaillez jamais — Les Laboratoires d’Aubervilliers, Aubervilliers (FR)
2013 Global Club# — OBORO Art Center, Montréal (QC)

Publications

2019 « FigureFigure » — conversation n°15 — entretien avec Indira Béraud
2018 « La dominante est rouge » — Partout, mais pas pour très longtemps, Catalogue d'exposition
2017 « Fire Night » — Sur la page volume 2, Les Éditions Extensibles
2016 « À petits singes, Zut » — Icônes 63, revue Multitudes
2015 « Faust » — espace d'art GLASSBOX, Paris
2015 « Autonomie d’une diversion » — OUSTE n°23 : création et éxagération
2014 « Une génération photogénique » — Ne travaillez jamais, La tribune des Laboratoires d’Aubervillers

Résidences

2020 Moly-Sabata — Sablons— (FR)
Cité internationale des arts —Paris (FR)
Cabane Georgina —Marseille (FR)
2019 L'Orfévrerie— Saint-Denis (FR)
2017 Chantier de créations — Mains d’Œuvres, Saint-Ouen (FR)
Les Grands Voisins — Paris (FR)
2015 Le Bel Ordinaire — espace d'art contemporain, Pau (FR)

Interventions

2019 Résidence en milieu scolaire— Fanatikart/Drac, Paris 19 (FR)
2019 Intervention auprès de la classe de 6e du Collège Paul Langevin (Drancy)dans le cadre du projet d’archéologie contemporaine “Plus-que-présent” mené par le Département Seine-saint-denis et l’association F93— L'orfévrerie, Saint-Denis (FR)
2018 Médiatrice du comité de séléctions de Jeune Création 69— (FR)
Membre du comité de séléctions de Jeune Création 68 — (FR)
2017 Radio campus — galerie Thaddaeus Ropac, Pantin (FR (FR)
2015 Colloque poèsie expérimentale — Sorbonne, Paris 3 (FR)

Formation

2014 DNSEP — École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon
2012 DNAP — École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon